"un petit mot sur mon blog"


"un petit mot sur mon blog"

Psyblog a posé son stylo le 5 juin dernier. Il est parti "ailleurs", pour une autre vie plus sereine et lumineuse.
Ce blog était pour lui une belle aventure d'écriture, de réflexion, d'émotion et de partage. Les commentaires de ses nombreux lecteurs en sont un témoignage chaleureux. Vos derniers mots tout particulièrement...
Continuez à le lire ou à le relire pour sa plus grande joie ailleurs...

mercredi 16 novembre 2011

Douces violences...


Non je ne parle pas de la superbe chanson de Johnny, mais des "douces violences", celles définies comme des paroles ou actes dont on ne soupçonne pas la violence engendrée mais qui pourtant sont ressentis par celui qui les entend ou les subit comme une agression et de la... violence.
Ma conférence (conférence dans une crèche, auprès des parents et des professionnels) d'hier avait comme sujet les «douces violences» dont sont coutumiers, du moins capables, les parents et autres adultes éducateurs à l'égard des enfants. .
Vous savez, ces
T'es nul tu n'y arriveras jamais, ces Ton frère au moins il y arrivait mieux que ça, ces M'enfin, t'es assez grand pour le faire, ces paroles et actes que l'on pose en comparant, niant, cassant, décourageant les enfants, les actes et les paroles qui lui laissent entendre qu'il n'est qu'un nul, ou du moins moins bien que, moins performant que, ces actes que l'on pose sans se demander une seule seconde si c'est bien son intérêt, à l'enfant... Et que je te change brutalement sans te dire un mot, et que je te mette sur le pot jusqu'à ce que tu fasses quelque chose, et que je t'interdise de, et que je t'oblige à...
L'enfant n'est pas un objet mais on le considère parfois comme tel... Lorsqu'on lui parle du haut de notre stature d'adulte, lorsqu'on parle de lui comme s'il n'était pas là, lorsque l'on soupçonne qu'il n'entend pas (
Mais non, il ne comprend pas, on peut parler de sa petite sœur...),lorsqu'on le prend et le jette parce c'est comme ça qu'il faut faire... Or à chaque fois qu'on ne met pas de la parole ou de l'écoute, on [lui] fait violence.
A contrario, la parole vient rassurer l'enfant, vient mettre des mots sur les actes, vient poser du sens sur ce qui se passe. Changer un bébé parce qu'il faut le changer est une chose, l'enlever à son activité et le changer sans le regarder, lui sourire ou lui parler en est une autre !
Lorsque l'on rencontre un enfant, la première règle de bienveillance est de porter ses yeux à la hauteur de ses yeux à lui. Ensuite le regarder lorsqu'on lui parle. Et ne pas parler de lui comme s'il s'agissait d'un appareil qui ne fonctionne pas bien. Ça n'empêche pas l'exigence du respect de la règle, ça n'empêche pas la nécessité de la contrainte, mais ça permet une égalité au moins dans le statut d'humain.

Nous sommes tous capables de «douces violences», que ce soit à l'égard des enfants ou à l'égard des adultes qui nous entourent et qui parfois nous sont même très proches. La douce violence n'est qu'une violence ressentie par l'autre, mais elle n'en est pas moins moins importante. Et et ils en font, des dégâts, ces actes de "douce violence"... Des dégâts psychiques qui trainent parfois jusque dans la vie adulte de ces enfants à qui l'on n'a pas su parler... gentiment !
La bienveillance est une attitude que l'on a -ou pas- au fond de soi. Et les actes et paroles dont nous sommes porteurs ne sont que les témoins de cette attitude-là. Qui se transforment en comportement. Se dire -pas seulement se le dire, mais en être convaincu, là, tout au fond de nous-même- une fois pour toute que l'enfant est une personne et pas un objet nous permettrait bien souvent à nous, adultes, de fabriquer de la bienveillance à l'égard des enfants.
La bienveillance amène la bienveillance... la violence, même non voulue, amène du ressentiment, de l'inconfiance et parfois de la violence, ne serait-ce que contre soi-même.

Pour ceux qui voudraient en savoir davantage, je vous recommande l'excellent ouvrage de Christine Schuhl «Vivre en crèche- Remédier aux douces violences», éditions Chroniques sociales. 


 

9 commentaires:

  1. merci pour ce billet , qui me parle beaucoup

    Je donne un cours sur la maltraitance auprès de mes stagiaires assistantes maternelles
    Difficile , cela fait remonter des drames en surface , parfois certaines d'entre elles s'effondrent en sanglots , ou se taisent , trop dur ...de revoir ce qu'elle ont vécu
    J'évoque aussi ces douces violences , j'illustre d'exemples , de gestes avec un poupon , et en te lisant , je me rends compte que je n'use pas assez de ce mot là " bienveillance "
    oui , il faut que je le mentionne , protection et bienveillance

    Je redonne un cours demain , et je vais garder tes mots bien au chaud , merci pour ça

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  2. Le livre que vous conseillez aborde-t-il la question sous un angle statistique ? (sinon, en connaissez-vous un autre à me conseiller ?)

    À bientôt

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  3. Pour ma part j'aurais des réserves quant à la juxtaposition de "douce" et de "violence", ou du moins je ne l'utiliserai pas pour décrire ce qui est du registre de la maltraitance. Infime, peut-être, mais maltraitance quand même.

    Ces "violence infimes", "violences subtiles", "violences insidieuses" peuvent bien sûr laisser des traces indélébiles. Fort heureusement, cela n'empêche pas de devenir un adulte capable de les dépasser grâce à un travail de conscientisation. Je crois que ce travail passe par l'acceptation de termes clairs : violence, maltraitance... sans les minimiser, alors que ce sont nos plus proches qui les ont exercées sans vraiment le vouloir. Généralement « pour ton bien ».

    Merci pour ce texte

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  4. Pascale (claranne)17 novembre 2011 à 08:56

    A Lousk : Les conséquences des violences dont parle PsyBlog peuvent n'apparaître à la conscience de l'individu que bien des années plus tard - enfin, ce fut le cas pour moi. Alors, je ne vois vraiment pas comment et d'où l'on pourrait sortir des chiffres fiables sur le sujet.

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  5. A Lousk : Je n'en sais rien, ne m'étant pas attaché à cet aspect des choses. Ce que je sais, lorsque j'anime des formations sur ce sujet, c'est que ces "douces violences" passent la plupart du temps inaperçues à celui qui les pratiquent. La réflexion sur ces sujets, les groupes de parole, les livres permettent justement de prendre conscience de ces pratiques qui, même sous couvert de soin et d'éducation, sont... finalement violentes.

    A Pierre : La juxtaposition peut sembler et est en effet étrange de ces deux mots "douce" et violence. C'est pourtant la dénomination retenue pour qualifier ces violences tranquilles et sourdes, cachées et inconsciemment prodiguées. Pour le bien de l'autre ! Mais faisons cependant la différence entre cela et la maltraitance au sens strict du terme, même si au final, ça lui ressemble et ça en est.

    A Jeanne : J'utilise le mot "bienveillance" dans toute sa palette de sens : Il s'agit bien d'être "bienveillant". Au demeurant, parler de bienveillance est mille fois plus pédagogique que de parler maltraitance. La bienveillance est bien au-delà en effet de l’"absence" de maltraitance, c'est du positif, de l'attention à l'autre... Voilà... protection et bienveillance.

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  6. Un texte qui reflète tellement la réalité et que tous devraient lire pour le bien et l'estime de nos enfants. Merci

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  7. Ton texte me fait penser au livre de José Morel L'éloge de la pudeur où elle parle de ces douces violences qui peuvent être exercées sur l'enfant sans le vouloir en ne tenant pas compte de sa pudeur. Elle explique aussi que c'est important dès le plus jeune âge de s'adresser à l'enfant en le respectant comme sujet. Je pense aussi aux douces violences qui peuvent être vécues par l'enfant à l'école quand il est stigmatisé par rapport à des difficultés de comportement. Comment les parents peuvent se saisir de ça et comment cela influence la représentation qu'ils ont de leur enfant? Parfois c'est sans le vouloir qu'on fait violence mais il faut pouvoir prendre du recul pour éviter ce genre d'erreurs qui peuvent pénaliser un enfant dans son développement psycho-affectif.

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