"un petit mot sur mon blog"


"un petit mot sur mon blog"

Psyblog a posé son stylo le 5 juin dernier. Il est parti "ailleurs", pour une autre vie plus sereine et lumineuse.
Ce blog était pour lui une belle aventure d'écriture, de réflexion, d'émotion et de partage. Les commentaires de ses nombreux lecteurs en sont un témoignage chaleureux. Vos derniers mots tout particulièrement...
Continuez à le lire ou à le relire pour sa plus grande joie ailleurs...

samedi 19 novembre 2011

Mon frère


Non, je ne vais pas vous parler de mon frère. Mais du frère, de celui-là qui empoisonne la vie du jeune garçon que je rencontre, et peut-être du frère en général.
Mon frère, c'est la réponse à la question que je pose à ce jeune garçon triste : Qu'est-ce qui t'embête le plus dans ta vie à toi ? Qu'est-ce que tu aimerais pouvoir changer ? Qu'est-ce qui te fait le plus mal ?
Les frères sont parfois de sacrés poisons. Oui, les sœurs aussi. Celui-ci, de frère, lui fait des choses que j'ose même pas dire me dit-il. Aie ! Oui, vous pensez à la même chose que moi, mais bon, je ne sais toujours pas. Il ne peut tellement pas en parler qu'il acquiesce à ma proposition de répondre par Oui ou par Non à mes questions. Avec un grand sourire. Comme si je lui offrais la possibilité de dire les choses sans qu'il les dise lui-même. Et ceci bien qu'il faudra bien un jour, s'il veut s'en libérer, qu'il les dise lui-même. Et à la question déjà écrite ci-dessus, il me répond Mon frère.
Je lui fais remarquer que bien de mes jeunes patients «enfant unique» aimeraient avoir un frère ou une sœur... et là il me demande ce que j'ai fait de pire à mon frère. De pire ? (Je saute sur la question, parce que c'est la première fois qu'il ouvre vraiment la bouche depuis 4 séances). Alors je lui raconte... que je sais pas ce que j'aurais pu faire de pire à mon petit frère (faudra que je lui demande, tiens).
Les frères et les sœurs sont sans doute, dans les familles à vie classique, les personnes humaines avec qui nous passons le plus de temps au cours de notre vie. Rendez-vous compte ! Au pire -ou au mieux c'est selon- c'est quasiment 20 ans de présence continue, des bains, des repas, des couchers, des levers, des jeux, des ... tout un tas de choses, des partages et des partages d'affection, celle au moins des parents.
Mais... Mais mais mais, car il y a des Mais ! Le frère, c'est aussi le plus grand qui joue au chef, le plus petit qui vole l'affection des parents, le petit qui fait ch... parce que toujours dans nos pattes, le grand qui a le droit alors que moi non, celui qui réussit mieux à l'école, celui dont on est le plus fier, celui qui centralise l'attention familiale... Le frère est à la fois l'ami et l'ennemi, le confident et l'adversaire, le à imiter ou à qui on ne veut surtout pas ressembler.

(Déjà le monde -biblique- commence par un meurtre. Celui de Abel par Caïn. Ouah ! Du coup ne serait-il resté que trois personnes sur Terre (Ève, Adam, et donc Caïn le meurtrier) et je me suis souvent demandé, enfant, comment tout ce petit monde s'était reproduit (vive l'inceste !), il est clair (?) que quatre personnes sur Terre c'était déjà trop : Il y avait un frère de trop. Au passage c'est bien le méchant, Caïn, qui a tué le gentil, Abel)
Bon, alors ? Ce frère-là, le frère en général, est-il a coup sûr destiné à être haï ?

Je suis toujours étonné par ces familles au sein desquelles les rivalités fraternelles ne s'expriment pas dans des rivalités réelles. Qu'est-ce qui fait que dans certaines familles les frères (et sœurs) s'entendent bien et dans d'autres non ? Qu'est-ce qui fait que dans certaines familles les frères coopèrent et que dans d'autres familles les frères guerroient sans arrêt ? J'ai mes petites idées et pas que moi d'ailleurs, mais ce qui me paraît important à dire ici, c'est la possibilité et la pensée d'envisager une relation paisible, davantage dans la coopération que dans la rivalité. Dans certaines familles il semble que cette relation de coopération, voire au pire d'indifférence, s'installe dès le début de la vie fraternelle. Dans d'autres cette "fraternité" s'installe peu à peu, à l'adolescence voire à l'age adulte. Dans d'autres encore la relation rivale se sclérose et dure, dure, dure...
J'ai demandé à ce garçon de dix ans s'il pouvait envisager, seulement envisager, que les relations entre son frère et lui puissent un jour changer. A sa réponse (Non), j'ai pensé que décidément la guerre était bien ancrée en lui/eux, et que ce jeune garçon en avait décidément gros sur le cœur d'avoir un frère, enfin, celui-là "qui a fait des choses qu'il n'ose même pas dire".

Fraternel est le qualificatif pourtant employé pour qualifier les «bonnes» relations. On peut même employer le «confraternel», comme si fraternel ne suffisait pas.

Ce jeune garçon de dix ans ne supporte pas son frère, qui d'ailleurs le lui rend bien. Je me questionne sur la réaction des parents et je rencontre la maman la semaine prochaine. Si les rivalités fraternelles sont somme toute normales et même constructives, témoins ou apprentissages de la vie sociale, celles-ci sont cependant parfois meurtrières (nous le savons) et destructrices. Le rôle et la réponse des parents est ici primordiale. Si gérer les conflits fraternels (quelle expression !) est d'une banalité qu'il n'est même pas nécessaire de rappeler, repérer les excès de cette rivalité est un impératif. L'enfant dont je parle ici est visiblement l'objet de son frère et cela est inacceptable. Et sans aucunement jeter la pierre aux parents, ceux-ci semblent ne pas «voir» pas les enjeux qui se jouent devant leurs yeux. Parce qu'ils n'imaginent même pas que leurs deux enfants puissent ne pas s'entendre, du moins se détester à ce point.

Les frères et les sœurs, c'est comme la pluie ou le soleil, on ne les choisit pas. Et on ne peut que s'y adapter. En essayant de tenter de comprendre pourquoi cela est parfois impossible.


Et simplement en écoute, ces deux chanteurs qui ont chanté sur «le frère», que celui-ci soit haï ou désiré, voire pris en pitié, comme le chanterait presque Serge Lama :






6 commentaires:

  1. mes frères m'ont violemment condamnée à la lecture de mon livre"l'enfant à l'endroit, l'enfant à l'envers", me disant que j'avais inventé une réalité dans laquelle ils ne se retrouvaient pas...
    Trois ans de silence hostile et de difficulté pour moi de croire encore dans ce que je faisais...
    Peur que les livre suivants ne provoquent un autre rejet.
    Je me suis souvent demandé en quoi leur avis négatif sur ce que j'écrivais pouvait m'influencer à ce point: je pense que je me suis senti rejetée en tant que personne, comme je l'ai été dans mon enfance ;-(
    Là avec le gros souci de santé qui est le mien actuellement, un dialogue prudent a pu renaître, on va se revoir, mais je sas déjà qu'on ne parlera pas des sujets qui fâchent
    Je ne serai jamais reconnue comme écrivain par mes frères, juste comme la malade pour laquelle ils disent s'inquiéter
    J'aurais préféré exister comme une personne, pas comme la soeur malade

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  2. Pas simple les relations entre frère et soeurs
    J'ai toujours dit à mes enfants , qu'ils n'étaient pas obligés de s'aimer , mais qu'ils devaient se respecter , par chance, ils sont pour l'instant très attachés les uns aux autres

    Le commentaire de Coumarine est très touchant , c'est parfois une triste réalité , incompréhension
    Parfois, on est aussi dans le mythe de la famille unie , préservant quelque chose qui n'existe pas ...

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  3. j'éspère que ce garçon pourra bientôt en parler de ce qui lui pèse tellement

    déjà j'ai eu bien plus de chance et pas de soucis majeurs juste j'étais celle qui a volé à ma grande soeur sa place de princesse en monopolisant l'attention pour raison de santé, elle a dû en plus me garder à 8 ans - je la plains encore aujourd'hui, cétait trop tôt - mais nous avons pu en parler adulte et ça reste une belle relation - moins belle celle avec mon grand frère car depuis son mariage il s'était éloigné de ma famille - carrémént difficile car plus de communication depuis la maladie de ma mère et de son décès - et finalement relation apaisée depuis 4 ans, depuis ses 60 ans - mais il reste ce sujet tabou

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  4. Si tu admets que nous ne sommes que le résultat de la rencontre par inadvertance de deux incompétents, il est difficile de demander à leur engeance plus qu'elle ne peut.

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  5. cela fait un moment que je lis votre blog, je n'est jamais écrit mais cette article m'interpelle, j'ai été violé par mon frère, j'ai fait le deuil d'avoir un frère, mais comment vivre avec cela quand même?
    et comment peut on oser faire sa a une enfant qui plus es sa petite soeur??
    surement une de mes questions qui me resteras sans réponse.

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  6. Je suis pour ma part l'ainée d'une fratrie de cinq, dont un trisomique 21.
    J'ai eu des relations de haine avec ma petite sœur, de quatre ans ma cadette toute son enfance. Du moment ou elle a commencé à bien parler à la fin du collège pour moi, alors qu'elle avait déjà deux ans d'avance. Des années de haine, de coup bas, d'insultes, de cheveux arrachés, de coups divers (de pieds, griffures, lancés d'objets).
    Et puis d'un coup, sans qu'on sache comment, ça c'est calmé, on s'est découverte..
    On est devenue presque jumelles fusionnelles quand elle entra au lycée l'année ou j'en partais après deux secondes lamentables, et qu'elle sauta une troisième se retrouvant avec mes amis redoublants. On a fini par vivre ensemble pendant plus d'un an. Notre propre père n'arrivait plus à nous dissocier, de son propre aveu nous sommes une entité bicéphale...
    Bon, ça s'est un peu calmé ces derniers mois depuis qu'elle a pris un studio toute seule, mais elle reste un mélange de sœur jumelle et de meilleure amie.. Bien loin de cette haine féroce de l'enfance.

    Et avec le reste de la fratrie, nous formons une sorte de tribu très soudée, presque trop proche parfois. Des liens peut-être dû au fait que je les ai presque élevés (j'avais 10 ans au moment de la naissance du dernier, et j'ai très souvent du m'occuper de mes frères et sœurs pour pallier aux multiples hospitalisation d'une mère bipolaire). Des liens devenus d'autant plus violents avec les multiples rebondissements dans le couple parental ces cinq dernières années à coup de procédures de divorce et de remises ensemble...

    Le plus difficile dans les relations familial, c'est quand même la relation à la mère. Et ça peut être violent aussi...

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