"un petit mot sur mon blog"


"un petit mot sur mon blog"

Psyblog a posé son stylo le 5 juin dernier. Il est parti "ailleurs", pour une autre vie plus sereine et lumineuse.
Ce blog était pour lui une belle aventure d'écriture, de réflexion, d'émotion et de partage. Les commentaires de ses nombreux lecteurs en sont un témoignage chaleureux. Vos derniers mots tout particulièrement...
Continuez à le lire ou à le relire pour sa plus grande joie ailleurs...

vendredi 14 octobre 2011

Aime-moi je t'en supplie





Je me tais pour qu'il m'aime... Je ne dis rien par peur de la blesser... Je l'ai laissé ne pas me respecter... Je fais ce qu'il veut sinon il se fâche... Je passe ma vie à l'attendre, mais je ne dis rien de peur qu'il s'énerve...
Avec ses corolaires : Je m'en veux de l'avoir laissé ne pas me respecter... Je m'en veux de lui laisser faire ce qu'il veut... Je m'en veux de me faire avoir et de ne rien dire...


Eh bien ! On en est capable, d'en faire ou de ne pas en faire, des choses, pour se faire croire que l'autre nous aime ! Capable de mettre en veilleuse ses désirs, de ne plus aller faire de sport le jeudi soir parce qu'il ne supporte pas de passer une soirée seul , capable de se laisser humilier (oui, je sais, je vais dans les extrêmes, mais les extrêmes permettent d'expliquer beaucoup de choses), de se laisser trainer dans la boue, capable de s'assoir près de lui lorsqu'il téléphone, même pendant une heure, simplement parce qu'il ne supporte pas que je fasse autre chose lorsqu'il téléphone [sic], capable de s'interdire bien des choses parce que lui (ou elle, ça marche dans les deux sens) trouve ça con ou que ça ne l'intéresse pas....
Le tourment est toujours le même : L'incapacité à dire JE. Au cas où ça lui déplairait. Au cas où il ferait la gueule. Au cas où il n'aimerait pas que...


J'ai connu et aimé momentanément une femme qui aurait tout fait pour moi... Je crois qu'elle aurait léché le plancher si je lui avais demandé. Elle avait tellement peur que je ne l'aime pas / avait tellement besoin d'être aimée qu'elle s'était très vite transformée en serpillère... Ce n'était plus une femme, que j'avais à côté de moi, c'était une serpillère... C'est peut-être momentanément flatteur, voire agréable, de vivre avec quelqu'un qui fait vos quatre volontés, mais en ce qui me concerne, ça ne me convenait pas... Comment peut-on qualifier l'amour que nous porte une serpillère ? Car à moins d'être pervers, nul homme, nulle femme, ne peut espérer avoir affaire à une serpillère. A moins d'être pervers, personne ne demande à l'autre de se transformer en serpillère...
Mais alors, où est-ce que ça coince, dans ce genre de comportement ?
D'une part il y a des pervers, des comportements pervers, des personnes perverses. Oh ! Pas atteintes de la grande perversion psychiatrique -même si ça existe-, mais de ces petites perversions quotidiennes et j'allais dire banales qui font le quotidien de certains et certaines d'entre nous... Ainsi en va-t-il des phrases du style Tu es libre, tu fais ce que tu veux... Tu décides et je te suivrai... associées à la bouderie voire à l'engueulade si l'autre fait effectivement ce qu'on l'invite, que dis-je, le pousse parfois à faire... Ainsi en va-t-il des désirs que l'on attribue à l'autre (facile de reprocher à sa femme d'avoir voulu une nouvelle voiture alors que c'est monsieur qui voulait une nouvelle voiture... dont l'achat pèse sur les finances familiales !), ainsi en va-t-il des petits clins d'oeil quotidiens aux incompétences ou désintérêts de l'autre...
Ça coince aussi du côté de celui qui subit. Avec toujours la même question : Pourquoi subit-on ? Pourquoi acceptons-nous de subir ? Pourquoi avons-nous si peur du non-amour -de ce que l'on croit être le non-amour- de l'autre ? Pourquoi acceptons-nous de faire la serpillère ?


Les cabinets de psys sont emplis de ces plaintes vis à vis de l'autre, sont emplis de ces culpabilités diffuses quant au respect qu'on ne s'offre plus à soi-même... Comme s'il n'y avait pas d'alternative au Je dois faire la serpillère pour qu'il m'aime. Les murs des cabinets des psys entendent constamment ces Mais si je fais ça il va le prendre mal... Les cabinets des psys souffrent quotidiennement des barrières que leurs patients se mettent à eux-mêmes par peur de «faire du mal à l'autre», par peur du non-amour... Que de suppositions mal gérées !
Et si vous le faisiez ? / Mais il ne va pas supporter / Si vous le faisiez quand même ? / Mais.... / Et si sa réaction n'était que le fruit de votre peur à vous ? Ou de votre incapacité à dire JE ? / Mais.... Et il arrive que mes patients osent faire ce qu'ils n'avaient jamais fait... J'ai fait comme vous m'aviez dit... -parce que j'ai dit des choses, moi ?-/ Et ? / Il a trouvé ça super.... (ça, c'est le mieux !)... Au pire et souvent, il/l'autre/le méchant supposé... n'a rien dit.
N'oublions jamais que les comportements pervers, autoritaires, jaloux, etc... se nourrissent quasi-exclusivement de l'acceptation de l'autre... Et que la seule manière de résister à de tels comportements est de dire JE... ou de fuir.
...Mais j'ai tellement peur d'être seul(e)...

7 commentaires:

  1. Difficile de se déterminer face à l'autre, non pas en victime qui subit, mais en tant que personne,et d'oser dire "je comprends ce que tu me dis, mais je ne suis pas d'accord". Etre en désaccord, ce n'est pas être en désamour.
    Mais, tout s'apprend et rien ne se fait en un jour...
    Les psys ont des beaux jours devant eux (9 ans d'analyse pour mon compte !)
    Je t'embrasse

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  2. aaaaaaaah! pour une fois je serai pas vraiment d'accord avec toi, on peut refuser les comportements bestiaux de certains "humains" et même réaliser qu'il ne s'agit plus de jalousie mais de manipulation de possessivité et le refuser mais s'il suffisait de partir...
    bisous

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  3. "Dire JE ou fuir" : plus facile à dire qu'à faire...
    Ce n'était pourtant pas faute de le vouloir mais je n'ai jamais réussi... C'est finalement lui qui a quitté sa serpillière et moi qui ne sais pas comment me sentir autrement que comme une m...e, autrement que comme il m'a traitée pendant toutes ces années...

    Autrement, j'aime bien ce blog :)

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  4. Pour moi, tout est résumé dans la dernière phrase.
    Et je rejoins SY. On peut faire des constats, dire "NON", dire "JE" et être conscient qu'en présence de l'autre, on ne parviendra pas à exister.... mais encore faut-il oser partir et se sentir capable d'assumer sa solitude.
    PL

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  5. J'ai commencé à jouer la "serpillère" et à accepter toutes les humiliations pour qu'il continue de m'aimer, après avoir été dans le "Je" pendant une vingtaine d'années, ça n'a pas marché... Cela n'a fait qu'accélérer la séparation. Mais j'étais prête à tout et à n'importe quoi pour qu'il reste. Aujourd'hui, avec les autres, je suis dans la fuite... Et j'y suis bien. Sympho2

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  6. Quand on a appris à ne pas être respecté, la chose est naturelle.
    Tout autant que ne pas respecter l'autre, pour les personnes qui sont passée de victime à bourreau.
    L'éducation violente qu'on inculque à nos enfants se retrouve dans les deux facettes, et fournit à la société son équilibre factice. Interdits, obligations, récompense, punition, viol et prostitution tout cela est le fruit de l'éducation, par la famille, par l'école, et indirectement par les autres qui sortent du même moule.

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  7. contente de t'avoir retrouvé, après bien des errances bloguesques.

    comme d'autres l'ont dit, la dernière phrase résume tout. dire "je" ou fuir. mais le fait de dire "je" dans mon cas a mené à une escalade de la violence, de la manipulation.
    d'où la fuite. la seule issue possible.
    et ensuite, réapprendre ou apprendre à s'aimer.
    à s'aimer assez pour ne plus jamais accepter qu'on nous manque de respect ainsi, pour ne plus jamais dire "oui" si on en a pas envie ou que c'est dicté par la peur.
    merci psy pour cette note.
    la seule question qui restera sans réponse, c'est... Pourquoi.

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