"un petit mot sur mon blog"


"un petit mot sur mon blog"

Psyblog a posé son stylo le 5 juin dernier. Il est parti "ailleurs", pour une autre vie plus sereine et lumineuse.
Ce blog était pour lui une belle aventure d'écriture, de réflexion, d'émotion et de partage. Les commentaires de ses nombreux lecteurs en sont un témoignage chaleureux. Vos derniers mots tout particulièrement...
Continuez à le lire ou à le relire pour sa plus grande joie ailleurs...

samedi 29 octobre 2011

Rumeurs, vous avez dit rumeur ?



La rumeur, c'est juste un truc terrible. Sur une parole, sur un Je crois que, j'ai entendu dire que, il parait que...se construit des certitudes parfois épouvantables et surtout épouvantables pour celui qui en est l'objet (j'allais écrire "le sujet" mais ça ne colle pas -on n'est jamais le sujet d'une rumeur !).
La rumeur est une trainée de poudre qui ne demande qu'une étincelle pour s'allumer.
Lors de mes études, nous avons travaillé sur la rumeur. et nous avons tenté une expérience : Dire quelque chose de "faux" très fort à l'autre bout de la France (Marseille pour ne pas nommer) et "voir" combien de temps il fallait pour que ça remonte sur Angers, lieu de mes études. Je ne me rappelle plus le sujet de cette rumeur transmise à un habitant inconnu de Mareseille, je ne sais plus. Ce dont je me rappelle, c'est que c'était un truc impensable, du genre (1976) Il parait que le prix de la pilule contraceptive va quadrupler. Quatre jours. Quatre jours seulement il a fallu pour que cette rumeur lancée au hasard à Un habitant de Mareseille parvienne jusqu'à Angers (pour les moins de 20 ans, je précise : pas de tel portable, pas d'ordinateur, pas d'internet bien sûr, peu, rareté même du téléphone... Bon, les routes étaient goudronnées, quand même, et la télévision existait déjà !) Mais quatre jours seulement pour qu'une rumeur banale mais impossible parvienne à 1000 km de là.
C'est le propre de la rumeur : Plus l'information qu'elle véhicule est impossible à penser, plus elle circule rapidement. Plus elle est folle plus elle est solide.
Fut un temps (concerné j'étais puisque géographiquement très proche) où l'on a soupçonné qu'un président de la République avait une maitresse dans mon village. Fut un temps où l'on a accusé un homme de mon entourage de venir voir sa maitresse chaque nuit... à 400 km de chez lui pendant que sa femme travaillait. Fut un temps où l'on a soupçonné les boutiques de vêtements d'Orléans d'avoir aménagé des trappes dans les cabines d'essayage pour enlever les femmes et les expédier au Moyen-Orient dans des harems (La fameuse rumeur d'Orléans)... 
 
Les rumeurs ont cette particularité d'être incontrôlables car aussi détenues par un nombre incalculable de personnes... et que la rumeur est toujours l'objet d'un voyeurisme qui ne dit pas son nom... Et qu'il est quasiment impossible de les faire taire, sauf à ne pas y prêter attention. Et c'est là que le piège se referme sur le sujet, la personne objet de la rumeur : S'il se défend, c'est sans doute qu'il est coupable, s'il ne se défend pas, c'est qu'il est coupable aussi. Comme on dit : Il n'y a pas de fumée sans feu. Sauf que parfois le feu a été allumé volontairement.
On se rappelle tous (Oui, pas les moins de 20 ans), de cette rumeur "accusant" Isabelle Adjani d'être sida-séropositive, et de la difficulté qu'elle a eu à démentir cela, même en passant sur tous les journaux télévisés de l'époque. (Voir ici).

J'ai rencontré cet après-midi en consultation un homme détruit, cassé, meurtri par une rumeur, d'autant plus vive que ça se passe dans un tout petit village : Il aurait attiré chez lui des jeunes filles, les auraient violées. Plainte, jugement, condamnation, puis retrait de la condamnation après.... quatre ans de prison, sur demande d'une jeune fille avouant qu'elle avait tout inventé... "pour faire son intéressante" a-t-elle dit au juge... Ouah !!! Si même la Justice avec un grand J donne consistance aux rumeurs, c'est grave.

Certaines professions sont plus exposées que d'autres. Ainsi les éducateurs, les animateurs, les médecins, les prêtres, les ceux-qui-ont-du-pouvoir ou simplement du charisme, par statut ou par personnalité, les psys aussi, bien sûr. Si dans ma propre ville un psy a été condamné pour attouchements sexuels sur certaines de ses patientes, cela reste une exception et ce n'était pas une rumeur. Mais je me suis toujours demandé comment je réagirais si un jour quelqu'un faisait courir une rumeur sur moi. Mal, je crois, tant il est difficile de mettre fin à une rumeur. Simplement parce qu'elle est irrationnelle, émotionnelle... et si apte à détruire les personnes que l'on envie ou celles dont on a peur.

11 commentaires:

  1. La rumeur est le plus vieux média du monde . Contrairement à ce que vous dites "rumeur" ne signifie pas information fausse . Une rumeur peut parfaitement être fondée et se révéler exacte . Le mot "rumeur" n'est pas synonyme de mensonge ou de tromperie . Ceci dit une rumeur peut véhiculer de fausses informations également .

    RépondreSupprimer
  2. Je parlais des "fausses" rumeurs, du moins des rumeurs véhiculant de fausses informations.

    RépondreSupprimer
  3. J'ai vécu cela! Accusée par un époux que je quittais de partir... pour le prêtre qui avait célébré les funérailles de notre fils et nous avait accompagnés et soutenus 5 ans auparavant! Votre message réveille en moi une rage douloureuse et impuissante. Et pourtant dix années se sont écoulées depuis. Je n'avais pas su reconnaître la jalousie et son cortège de méchancetés... Je porte toujours en moi la trace d'une honte injustifiée. Il y a tant de justesse dans votre texte....

    RépondreSupprimer
  4. Même lorsqu'elle concerne un fait véritable, la rumeur reste connotée négativement, et notamment associée aux notions de préjugés, de propagande, de mensonge et de mystère, suscitant volontiers la fascination. Voilà pourquoi, à mon sens, la rumeur peut autant porter préjudice que servir celui ou celle qu'elle concerne. Exemple typique et moderne : faire un buzz.

    RépondreSupprimer
  5. IL y a aussi des légendes qui perdurent depuis des siécles .
    Ce qui est interessant c'est ce qu'elles disent de l'inconscient colléctif . Mais aprés tout pourquoi ne pas traiter les rumeurs qui vous touchent personnellement sur le même mode que les légendes ? ... En se posant la quéstion : de quoi parlent véritablement ces légendes et rumeurs diverses ? ...

    RépondreSupprimer
  6. dans le judaisme, on considere le pouvoir de la parole comme tres grand: un conte hasidique dit que dans un village, un homme allait par les rues dire du mal du rabin. Quand il realise comme ses paroles ont meurtri le maitre, il vient s'excuser aupres de lui, et lui dit qu'il fera tout pour reparer. Le rabin lui dit de prendre un coussin, et de le dechirer au vent. L'homme, heureux de s'en tirer a si bon compte, s'execute, puis revient voir le rabin. Celui-ci lui dit qu'il ne peut reparer le mal qu'il a cause par ses paroles, pas plus qu'il ne peut rassembler les plumes du coussin eventre.

    RépondreSupprimer
  7. Oui , alors ce n'est pas bien grave .
    Le vent dispérsent les plumes au hazard ...
    Les paroles ? dérision de nos pauvres pensées ...
    Le DIABLE qui s'ennuyait dans le désert décidat un jour d'écrire un roman et avec son doigt il écrivit l'histoire du monde dans le sable du désert ... Et lorsqu'il eut finit d'écrire , il soufflat sur le sable ... et les grains se dispersérent ... et tout s'effaçat .

    RépondreSupprimer
  8. Vraiment abjecte la rumeur et si destructrice comme tu dis dans les cas les plus graves.

    Ces fausses allégations de viols me rendent dingue . J'ai "la haine" comme on dit pour celles qui se servent de cela pour qu'on s'occupe d'elles ou pire pour utiliser leur enfant dans les divorces...
    Je me dis que cela devrait être condamné aussi fermement que les vrais viols, tant cela détruit d'une part l'homme accusé à tort, mais aussi la crédibilité de toutes les vraies victimes..

    RépondreSupprimer
  9. @ Stéphanie, je crois au contraire que cela peut au contraire être très grave ; notamment lorsque les paroles ne sont pas perdues dans le désert mais au contraire entendues ou reçues car elles sont souvent alors rapportées et "transportées" après avoir été transformées.

    Ceci étant dit, je trouve votre remarque sur "le propos" des rumeurs fort intéressante. Cela m'amène même à penser que peut-être cela dit quelque chose non pas tant sur la personne qui en est l'objet mais sur celui et ceux qui véhicule(nt) la rumeur.

    RépondreSupprimer
  10. @ Mia "notamment lorsque les paroles ne sont pas perdues dans le désert mais au contraire entendues ou reçues car elles sont souvent alors rapportées et "transportées" après avoir été transformées." Entièrement d'accord avec toi :( Victime d'une rumeur il y a quelques années (Oh ! pas si méchante que d'autres), mais qui a quand même bien touchée ma vie, au point de me faire perdre beaucoup de mes contacts qui étaient des proches, et même très proches... Tout cela à cause de paroles écrites (Vive le virtuel, cela va bien plus vite que par la route !) justement transportées et transformées. Quand une rumeur commence, elle poursuit son chemin et petit à petit fait son travail. Ce n'était pas une accusation aussi grave, mais j'ai perdu beaucoup ;(

    RépondreSupprimer
  11. La rumeur était aussi utilisée à des fins politiques, parfois couplées avec des prophéties. Comme en Angleterre à l'époque de la guerre des deux roses. C'est un outil idéal de psychological warfare adapté à un territoire qui était, mesure en temps de trajet et non pas en termes de distances, extrêmement vaste... C'était de l'information, de la propagande, et tutti quanti. La rumeur cessa d'avoir cette fonction au fur et à mesure que l'imprimerie pris son importance, et que les humains rationalisèrent l'usage et la comptabilité du temps dans les petites bourgades. Mais comme tout média, il subsiste dans certaines niches...

    RépondreSupprimer