"un petit mot sur mon blog"


"un petit mot sur mon blog"

Psyblog a posé son stylo le 5 juin dernier. Il est parti "ailleurs", pour une autre vie plus sereine et lumineuse.
Ce blog était pour lui une belle aventure d'écriture, de réflexion, d'émotion et de partage. Les commentaires de ses nombreux lecteurs en sont un témoignage chaleureux. Vos derniers mots tout particulièrement...
Continuez à le lire ou à le relire pour sa plus grande joie ailleurs...

lundi 5 décembre 2011

Echanger notre vie ?

ou Serions-nous vraiment prêts à échanger notre vie contre celle d'un autre ?


Dans son dernier billetCoumarine (se) pose une question étrange : Si je devais choisir, je me demande ce que je prendrais... Garderais-je mon épreuve? Ou choisirais-je celle de mon voisin? Oui, je sais, drôle de question... je me la suis posée hier...

Je m'empare alors de cette étrange question (à moins que ce ne soit la question qui ne s'empare de moi ?) :
Il arrive que dans mon cabinet, mais aussi et vous l'avez certainement entendu dans la vie courante, que des personnes disent qu'elles envient telle ou telle personne, qu'elles aimeraient, comme telle ou telle, vivre cette vie-là, que d'autres ont de la chance, que ce n'est pas à elles-mêmes que cela arriverait etc...
Je ne me méfie pas de ces paroles d'envie, et pourtant j'ai bien envie moi de la mesurer, de les relativiser, et peut-être-même de les contrarier.

Envier l'autre et ce qu'il vit, c'est faire fi de se qu'il vit en réalité, c'est ne s'attacher qu'à une toute petite partie de sa vie, celle visible par nous-même de notre position et avec nos lunettes à nous. C'est même souvent faire fi de la réalité pour ne s'en prendre qu'à ce que nous en percevons.
Et c'est pourtant ce qui fait en partie notre "malheur". Coumarine se demande contre quelle maladie, contre quelle souffrance elle échangerait bien la sienne. Elle se répond bien vite, même si elle ne le dit qu'entre les lignes, que c'est une question absurde, tant échanger voudrait dire "tout" échanger", maladie, souffrance, mais aussi vie toute entière du moins est-ce ainsi que j'entends sa question.

Je n'ai pas d'argent, j'aimerais en avoir. Mes jambes ne fonctionnent plus, j'aimerais bien qu'elles fonctionne. J'ai toujours eu envie d'avoir une fille et j'envie les papas qui ont une fille. J'aimearis avoir une voiture qui roule bien et j'envie celui qui en a une qui roule bien. J'échangerais bien mon rein contre deux qui font bien leur boulot de reins. De là à échanger ma vie contre celle d'un autre qui auraient ces fonctionnalités que je n'ai pas ???

Je rencontre à longueur de journée des personnes qui se plaignent de leur vie. Ah comme j'aimerais avoir une belle maison comme celle du docteur Untel, me dit une dame l'autre jour. Vous aimeriez être le docteur Untel ? lui demandai-je alors. Oui, j'aimerais, un travail valorisant, de bons revenus, et cette maison, si vous la voyiez !
Ce que cette dame ignore, c'est que le docteur Untel souffre de maux de dos depuis des années, que deux de ses trois enfants ne lui parlent plus et que ça lui gâche sa vie, et que sa femme est sur le point de le quitter (c'est pour cela que d'ailleurs je vois le docteur Untel en consultation) et que sa maison ben sa maison... il va devoir s'en séparer. Mais elle envie. Elle en vit, même peut-être, de son envie. Et quand bien même le docteur Untel irait bien dans son corps, sa vie et son couple, échangerait-elle sa vie, toute sa vie contre la sienne ?

L'envie de la vie des autres est un piège abominable, vous savez, de cette espèce qui ronge et parfois finit par tuer l'affection-même que l'on a pour soi. J'ai été guéri je crois de cette envie-là le jour où j'ai confié mon envie (d'être comme lui) à mon ami Jacques... qui s'est mis à pleurer en me disant que lui-même enviait ma vie à moi (comme quoi on n'est parfois jamais satisfait de ce que l'on est !). Ce que j'ai alors appris de sa vie à lui m'a non seulement apporté la non-envie de sa vie, mais aussi la conviction qu'il fallait faire avec sa propre vie au lieu d'envier celle des autres. J'avais 18 ans et cet échange un mercredi de mars ne m'a jamais quitté.

A bien y réfléchir, avec qui échangerions nous TOUTE notre vie ?

11 commentaires:

  1. Je n'envie aucune autre vie, mais me débarrasser de la mienne me suffirait ! Je comprends que cela doit être usant d'entendre des gens se plaindre de leur vie mais parfois elles sont juste trop lourdes ces vies, elles plombent et ne donnent qu'une envie, les fuir, s'envoler, par n'importe quels moyens, parfois les plus extrêmes ...

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  2. C'est un "jeu" auquel je joue souvent.
    Il y a un morceau de moi que je déteste. Alors bien sûr je l'observe chez les autres.
    Dans la rue, le métro, les soirées, et toujours quand je m'ennuie. Ca passe le temps. Un petit jeu du style : "Voyons, si c'était possible, est ce que je le ferais ?"
    Et à chaque fois je me demande si je suis prête échanger ce morceau de moi que je n'aime pas, avec un autre, mais aussi tout ce qui est la vie de cette autre personne.
    Et toujours jusqu'à ce jour j'ai répondu non.
    Alors je suis ravie que tu me confortes dans mes délires. :)

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  3. Rien que dans un restaurant , y'en a toujours à regarder l'assiette du voisin , regrettant son choix , pensant que l'autre est toujours mieux servi
    Je tente d'apprendre à mes enfants qu'il faut accepter sa situation tant qu'elle est acceptable , être attentif aux souffrances des autres , ne pas être constamment dans la plainte
    grand travail ...
    je constate souvent que les personnes les plus touchées par la douleur physique et morale , ne sont pas ceux qui se plaignent le plus
    Quand à envier ce que l'autre a ...j'ai l'audace de dire que la vie est faite de choix , aussi
    Pour autant , il existe des personnes qui cumulent beaucoup de tracas , ce ne sont pas toujours les plus envieux

    Les mots de Coumarine sont de vrais carburants , un vrai éclairage
    merci de prolonger cette réflexion ici

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  4. intéressant ton éclairage, psyblog
    en écrivant cela, je ne pensais néanmoins pas à carrément changer de vie, contre celle qu'on envie chez le voisin, mais se demander si on changerait d'épreuve physique, pensant qu'on supporterait mieux celle du voisin justement (ce qui est bien sûr un leurre!!)
    Bonne journée à toi...

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  5. Je sais, Coumarine.... J'ai simplement débordé sur ton interrogation...

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  6. Quelqu'un d'autre" Tonino BENACQUISTA

    "Qui n'a jamais eu envie de devenir «quelqu'un d'autre» ? Celui que l'on a toujours voulu être ? Celui qui n'aurait pas abandonné, en cours de route, ses rêves et ses désirs ? Un soir, dans un bar, deux inconnus se lancent un pari. Ils se donnent trois ans, pas un jour de plus, pour devenir «cet autre».

    Mais on ne devient pas quelqu'un d'autre impunément. On risque, pour le pire et le meilleur, de se retrouver soi-même..."

    ComtesseÔPiedNu

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  7. D'après certains commentaires il s'avérerait qu'il y a un truc chez moi que je ne devrais pas échanger.
    Non Psyblog, il ne s'agit pas de mon papier peint.

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  8. Oh que ça me parle...Souvent j'envie oui, l'enfance que certains me racontent, la vie de couple de certaines ou le fait d'être maman etc etc...

    Quand j'étais ado je rentrais du lycée, je voyais dans les maisons et j'avais l'impression que c'était chaleureux avec toutes ces décos, ces gens dedans...j'enviais, je voulais juste une vie "normale" sans cris, sans peur, sans abus..
    Maintenant bien sûr je sais qu'il y a sûrement des maisons où je regardais et que dans ces maisons il y avait sûrement de la souffrance pour x ou y raison.

    On ne connaît jamais totalement la vie de quelqu'un, c'est important de penser à cela quand l'envie nous fait du mal.

    J'ai un ami qui parfois me raconte les souvenirs avec ses enfants, les emmener en forêt, le chocolat chaud dans la voiture et leurs joues toute rouge l'hiver etc etc...chaque fois j'ai les larmes aux yeux, bien sûr j'envie leur enfance, mais au-delà de ça c'est surtout ce que je n'ai pas eu et que je n'aurai jamais qui me manque.

    Je ne sais pas avec qui j'échangerais ma vie, sans doute personne, mais je sais que je n'imposerais pas la mienne à mon pire ennemi..


    bises à toi au passage :-)

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  9. envie de changer de vie ?
    oh non, chacun a son lot de malheurs et de joies
    et notre vie est certainement la seule qui nous convient

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  10. Je n'avais jamais vu les choses sous ce point de vue, mais c'est vrai...

    Au passage, Psyblog, ce blog est très aidant! Merci =)

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  11. Même si ma vie n'est pas un long fleuve tranquille, je ne pense pas un jour avoir envié celle de quelqu'un d'autre... Juste qu'elle s'améliore parfois un petit peu :) Des bises de Sympho2

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